16 mars 2020 ¡ª Une v¨¦ritable course contre la montre s¡¯est engag¨¦e pour r¨¦pondre ¨¤ l¡¯expansion mondiale de la maladie ¨¤ coronavirus (COVID-19).  A la pointe de cette offensive, les Nations Unies multiplient les mesures de soutien aux gouvernements, tandis que les nations les plus d¨¦velopp¨¦es tentent de s¡¯entendre sur une action internationale coordonn¨¦e.

Lundi matin, ¨¤ New York, une conf¨¦rence t¨¦l¨¦phonique r¨¦unissait l¡¯ensemble des agences de l¡¯ONU pour faire un point sur l¡¯¨¦volution de la pand¨¦mie et sur les dispositifs en place. Cette rencontre ? virtuelle ? a ¨¦t¨¦ l¡¯occasion de rappeler que le nombre de cas confirm¨¦s d¡¯infection au coronavirus, proche de 175 000 ¨¤ l¡¯¨¦chelle plan¨¦taire, est d¨¦sormais sup¨¦rieur hors de Chine que dans ce pays o¨´ est apparue l¡¯¨¦pid¨¦mie, en d¨¦cembre 2019.

De m¨ºme, sur la base des derniers chiffres de l¡¯Organisation mondiale de la Sant¨¦ (OMS), il a ¨¦t¨¦ constat¨¦ que la R¨¦publique de Cor¨¦e, deuxi¨¨me principal foyer de la COVID-19, voit la courbe des contaminations s¡¯inverser sur son territoire, ¨¤ l¡¯inverse de l¡¯Europe o¨´ l¡¯¨¦pid¨¦mie ne cesse de gagner en ampleur, notamment en Italie, en France et en Allemagne.

C¡¯est dans ce contexte que l¡¯ensemble des intervenants onusiens scrutaient la tenue du sommet extraordinaire des sept pays les plus industrialis¨¦s (G7), attendu dans la journ¨¦e en visio-conf¨¦rence. Organis¨¦ ¨¤ l¡¯initiative du Pr¨¦sident fran?ais, Emmanuel Macron, dont le pays est devenu un foyer majeur de la COVID-19, cet ¨¦change devait se concentrer sur les moyens de mieux combattre le coronavirus dans les domaines sanitaire, ¨¦conomique, financier, ainsi que dans la recherche.

? Le moment est venu de faire des choix courageux et l'Italie peut offrir une contribution significative, en tant que pays qui a connu, en premier, une diffusion aussi large du virus ?, plaidait lundi le Premier ministre italien, Giuseppe Conte dans la presse. Des propos justifi¨¦s par le bond de 368 nouveaux d¨¦c¨¨s enregistr¨¦ en 24 heures dans ce pays, le plus touch¨¦ en Europe avec 24 747 cas lundi matin, dont 1 809 mortels.

Ce sommet visait essentiellement ¨¤ am¨¦liorer la coordination entre les principales ¨¦conomies mondiales en vue de l¡¯¨¦laboration d¡¯un vaccin contre le coronavirus COVID-19 et ¨¤ soutenir les march¨¦s financiers pendant cette crise qui, de l¡¯avis des experts, devrait entra?ner une r¨¦cession dans certains pays et faire baisser la croissance annuelle mondiale cette ann¨¦e ¨¤ moins de 2,5%.

Si la baisse des revenus mondiaux, par rapport ¨¤ ce qu¡¯envisageaient les pr¨¦visionnistes pour 2020, devrait ¨ºtre plafonn¨¦e ¨¤ environ 1 000 milliards de dollars cette ann¨¦e, la Conf¨¦rence des Nations Unies sur le commerce et le d¨¦veloppement (CNUCED) a publi¨¦, le 9 mars, une ¨¦tude laissant entendre que le sc¨¦nario du pire ne pouvait pas ¨ºtre exclu, compte tenu de la perte de confiance des consommateurs et des investisseurs.

Les ¨¦quipes de l¡¯ONU sur tous les fronts

Dans l¡¯imm¨¦diat, comme l¡¯a soulign¨¦ ce week-end le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral de l¡¯ONU, Ant¨®nio Guterres, le travail critique des Nations Unies ? continue afin de s¡¯acquitter de ses mandats cl¨¦s et fournir un soutien vital ¨¤ celles et ceux qui en ont besoin ?. Et ce, m¨ºme si le travail au Si¨¨ge de l¡¯Organisation s¡¯effectue, ¨¤ l¡¯heure actuelle, ¨¤ partir de diff¨¦rents lieux, en recourant ¨¤ la technologie, afin de r¨¦duire les risques de transmission du coronavirus.

Lundi matin, M. Guterres a eu des entretiens t¨¦l¨¦phoniques avec les chefs des lieux d'affectation des Nations Unies dans diff¨¦rentes parties du monde, ainsi que les responsables de bureaux de pays, pour v¨¦rifier leur offre non seulement en termes de solidarit¨¦ mais aussi de soutien.

C¡¯est ainsi qu¡¯¨¤ travers le monde, les ¨¦quipes des Nations Unies travaillent avec les autorit¨¦s pour soutenir les plans nationaux de pr¨¦paration et de r¨¦ponse face ¨¤ la flamb¨¦e de COVID-19. ? Au-del¨¤ des priorit¨¦s sanitaires, les plans visent ¨¦galement les cons¨¦quences sociales et ¨¦conomiques plus larges ?, a pr¨¦cis¨¦ lundi le porte-parole du Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral de l¡¯ONU, St¨¦phane Dujarric.

Dans plusieurs pays, les ¨¦quipes onusiennes fournissent temporairement du personnel ¨¤ plein temps pour soutenir les gouvernements, apportent une expertise suppl¨¦mentaire dans des domaines tels que la sant¨¦ publique et les interventions humanitaires et d'urgence, ainsi que dans la sensibilisation des communaut¨¦s et la communication de crise. Diff¨¦rentes entit¨¦s des Nations Unies acc¨¦l¨¨rent l'achat de produits essentiels pour la r¨¦ponse nationale, tout en respectant les normes internationales de transparence.

? Nos ¨¦quipes des Nations Unies aident ¨¦galement les gouvernements ¨¤ acc¨¦der ¨¤ des financements d'urgence pour leurs plans COVID-19, y compris de la Banque mondiale ?, a indiqu¨¦ M. Dujarric. Dans le m¨ºme temps, des entit¨¦s onusiennes acc¨¦l¨¨rent les achats d'articles essentiels pour la r¨¦ponse nationale, tout en respectant l¨¤ aussi les normes internationales de transparence.

Un soutien adapt¨¦ aux diff¨¦rentes situations

En Asie, certaines ¨¦quipes, en lien avec l¡¯OMS et d¡¯autres entit¨¦s, s¡¯emploient ¨¤ soutenir les efforts gouvernementaux dans des domaines tels que la finance et l'¨¦conomie, l'¨¦ducation mais aussi l'eau et l'assainissement. Un appui notable est apport¨¦ aux usines de confection et aux travailleurs migrants, avec un accent particulier sur les femmes.

Au Kenya, l¡¯ONU a mandat¨¦ cinq experts en communication pour soutenir les efforts du gouvernement et a ¨¦galement rencontr¨¦ lundi 25 chefs d¡¯entreprise pour renforcer les partenariats public-priv¨¦ dans la lutte contre le COVID-19.

Parall¨¨lement, des experts en communication des Nations Unies en Am¨¦rique latine, dans les Cara?bes et en Afrique soutiennent les efforts de sensibilisation des gouvernements. De surcro?t, plusieurs pays de la r¨¦gion ont des ¨¦quipes des Nations Unies qui participent avec l¡¯Organisation panam¨¦ricaine de la sant¨¦ et l¡¯OMS ¨¤ des comit¨¦s nationaux d¡¯urgence.

Au Br¨¦sil, a expliqu¨¦ St¨¦phane Dujarric, l'¨¦quipe de pays des Nations Unies et les partenaires nationaux, en coordination avec les autorit¨¦s gouvernementales, ont d¨¦j¨¤ activ¨¦ le plan d'urgence dans les abris du nord et diffusent des messages de pr¨¦vention en espagnol adapt¨¦s aux communaut¨¦s de migrants et de r¨¦fugi¨¦s arriv¨¦s du Venezuela, en plus de la campagne nationale r¨¦guli¨¨re en portugais.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a, quant ¨¤ lui, annonc¨¦ lundi qu¡¯il fournirait des ¨¦quipements m¨¦dicaux vitaux d¡¯une valeur de 500 000 dollars pour aider les h?pitaux de la province chinoise du Hubei ¨¤ soutenir les efforts du gouvernement pour lutter contre le COVID-19. Le PAM fournit notamment du mat¨¦riel d'oxyg¨¦nation et des ventilateurs pour le traitement des patients gravement malades.

Priorit¨¦ aux enfants et aux plus vuln¨¦rables

L¡¯¨¦ducation est une autre victime collat¨¦rale du coronavirus. L¡¯Organisation des Nations Unies pour l¡¯¨¦ducation, la science et la culture (UNESCO) en a fait le constat, en indiquant lundi qu¡¯un ? nombre sans pr¨¦c¨¦dent ? d¡¯enfants, de jeunes et d¡¯adultes ne fr¨¦quentent plus l¡¯¨¦cole ou l¡¯universit¨¦ en raison de la COVID-19.

Au total, 56 pays ont ferm¨¦ les ¨¦tablissements scolaires au niveau national, ce qui touche plus de 516 millions d¡¯enfants et de jeunes. Dix-sept autres pays ont mis en place des fermetures d¡¯¨¦coles localis¨¦es, mais si ces fermetures s¡¯¨¦tendent ¨¤ l¡¯¨¦chelle nationale, des centaines de millions d¡¯apprenants suppl¨¦mentaires conna?tront des interruptions dans leur ¨¦ducation, a averti l¡¯agence onusienne.

Pour l¡¯heure, l'UNESCO apporte un soutien imm¨¦diat aux pays qui s'efforcent de minimiser les perturbations de l'¨¦ducation et de faciliter la continuit¨¦ de l'apprentissage, en particulier pour les plus vuln¨¦rables.

A cet ¨¦gard, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l¡¯homme, Mme Michelle Bachelet, et le Haut-Commissaire des Nations Unies aux r¨¦fugi¨¦s, Filippo Grandi, ont tous deux rappel¨¦ que ? la sant¨¦ de tous est li¨¦e ¨¤ la sant¨¦ des membres les plus marginalis¨¦s de la communaut¨¦ humaine ?. De fait, ont-ils soulign¨¦ dans une tribune commune, ? notre r¨¦ponse ¨¤ cette ¨¦pid¨¦mie doit prendre en compte et se concentrer sur les personnes que la soci¨¦t¨¦ n¨¦glige ou rel¨¨gue souvent ¨¤ l¡¯arri¨¨re-plan. Dans le cas contraire, elle ¨¦chouera ?.

Afin d¡¯assurer l¡¯efficacit¨¦ de la pr¨¦vention et du traitement, il importe, selon eux, de surmonter les pratiques syst¨¦miques qui n¨¦gligent les droits et les besoins des femmes et des jeunes filles ou qui, par exemple, limitent l¡¯acc¨¨s et la prise en compte de groupes sociaux minoritaires.

Les personnes vivant en institution, notamment les personnes ?g¨¦es ou les d¨¦tenus, sont potentiellement plus vuln¨¦rables ¨¤ une ¨¦ventuelle infection et doivent faire l¡¯objet d¡¯une attention particuli¨¨re dans le cadre de la planification et de la r¨¦ponse ¨¤ la crise. De m¨ºme, ont soutenu les deux responsables onusiens, ? les migrants et les r¨¦fugi¨¦s - quel que soit leur statut officiel - doivent ¨ºtre pris en compte dans les syst¨¨mes et les plans nationaux de lutte contre le virus ?.

En ¨¦cho ¨¤ cet appel, les experts des Nations Unies en mati¨¨re de droits de l'homme ont exhort¨¦ lundi les ?tats ¨¤ ne pas abuser des mesures de s¨¦curit¨¦ dans leur r¨¦ponse ¨¤ l'¨¦pid¨¦mie de coronavirus. ? Tout en reconnaissant la gravit¨¦ de la crise sanitaire actuelle et en admettant que le recours aux pouvoirs d'urgence est autoris¨¦ par le droit international en r¨¦ponse ¨¤ des menaces importantes, nous rappelons aux ?tats que toute r¨¦ponse d'urgence au coronavirus doit ¨ºtre proportionn¨¦e, n¨¦cessaire et non discriminatoires ?, ont-t-il fait valoir.

 

? Une crise humaine qui fait appel ¨¤ notre solidarit¨¦ ? (19 mars 2020)