24 avril 2020 ¡ª Si la pand¨¦mie de COVID-19 affecte hommes et femmes indiff¨¦remment, ses cons¨¦quences socio¨¦conomiques et sur le plan de la s¨¦curit¨¦ sont nettement plus marqu¨¦es pour les femmes et les filles, au point de remettre en question les progr¨¨s en mati¨¨re d¡¯¨¦galit¨¦ des sexes enregistr¨¦s ces derni¨¨res d¨¦cennies, constatent les Nations Unies, qui avancent des recommandations pour inverser cette tendance alarmante.

? L¡¯¨¦galit¨¦ des sexes et les droits des femmes sont essentiels pour traverser ensemble cette pand¨¦mie, pour se r¨¦tablir plus rapidement et pour construire un avenir meilleur pour tous ?, a assur¨¦ ´¡²Ô³Ù¨®²Ô¾±´Ç Guterres, Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral de l¡¯ONU, le 9 avril, lors de la pr¨¦sentation d¡¯une traitant de l¡¯impact de la COVID-19 sur les femmes.

Ce document, publi¨¦ ¨¤ l¡¯occasion du vingt-cinqui¨¨me anniversaire du en faveur de l¡¯¨¦galit¨¦ des sexes et de l¡¯autonomisation des femmes, est pourtant sans ¨¦quivoque :  l¡¯impact de la COVID-19 sera plus fort pour les femmes d¨¦j¨¤ marginalis¨¦es ¨¦conomiquement, pr¨¦vient-il. 

Placer les femmes et les filles au c?ur des plans de r¨¦ponse

L¡¯alerte concerne les 740 millions de femmes qui travaillent dans le secteur informel, ? gagnant moins, ¨¦pargnant moins et risquant davantage de tomber dans la pauvret¨¦ que les hommes ?, a expliqu¨¦ M. Guterres. Elle vise aussi celles qui ont perdu leur emploi, du fait de la chute des march¨¦s et de la fermeture des entreprises, et celles dont le travail de soins non r¨¦mun¨¦r¨¦ a augment¨¦ en raison des fermetures d¡¯¨¦coles et des besoins accrus des personnes ?g¨¦es.

Face ¨¤ ce constat, le chef de l¡¯ONU appelle les gouvernements ¨¤ placer les femmes et les filles au c?ur de leurs plans de r¨¦ponse, d¡¯une part en assurant une repr¨¦sentation des femmes dans la planification du redressement post-crise, d¡¯autre part en garantissant l¡¯¨¦galit¨¦ dans l¡¯¨¦conomie des soins. Il demande aussi de cibler les femmes et les filles dans tous les efforts budg¨¦taires et d¡¯assistance sociale, d¡¯autant plus qu¡¯elles sont victimes d¡¯une aggravation de la violence domestique en ces temps de confinement.    

 

? L¡¯¨¦galit¨¦ des sexes et les droits des femmes sont essentiels pour traverser ensemble cette pand¨¦mie, pour se r¨¦tablir plus rapidement et pour construire un avenir meilleur pour tous ?. -  ´¡²Ô³Ù¨®²Ô¾±´Ç Guterres

 

Les in¨¦galit¨¦s de genre dans le contexte de la COVID-19 sont ¨¦galement au centre des travaux de plusieurs entit¨¦s des Nations Unies qui, chacune, proposent des angles sp¨¦cifiques pour traiter efficacement ce probl¨¨me exacerb¨¦ par la crise.      

Mettre en ?uvre des politiques int¨¦grant une perspective de genre

Dans une ¨¤ l¡¯intention des d¨¦cideurs politiques, diffus¨¦e le 22 avril, le identifie trois domaines d¡¯action interd¨¦pendants pour lesquels des solutions peuvent ¨ºtre envisag¨¦es pour r¨¦duire les effets socio¨¦conomiques de la COVID-19 sur les femmes.

Pour cette institution onusienne, il importe tout d¡¯abord de d¨¦velopper des syst¨¨mes de sant¨¦ inclusifs qui prennent en compte les besoins diff¨¦rents des femmes et des hommes. Une perspective de genre doit donc ¨ºtre int¨¦gr¨¦e aux plans de r¨¦ponse sanitaires, avec par exemple la fourniture d¡¯¨¦quipements de protection adapt¨¦s aux femmes, la mise ¨¤ disposition de donn¨¦es ventil¨¦es par sexes et le renforcement de l¡¯information sur la sant¨¦ sexuelle et reproductive.   

Le PNUD note, d¡¯autre part, que les exp¨¦riences pass¨¦es de gestion des crises ont d¨¦montr¨¦ que la prise en compte des pr¨¦occupations des femmes augmente l'efficacit¨¦ de la r¨¦ponse. Il pr¨¦conise par cons¨¦quent d¡¯inclure le leadership des femmes et la participation d¡¯organisations de la soci¨¦t¨¦ civile dans les strat¨¦gies de riposte ¨¤ la COVID-19. Selon l¡¯agence, des campagnes de sensibilisation sont ¨¦galement ¨¤ pr¨¦voir pour assurer un comportement ¨¦quitable entre les sexes pendant et apr¨¨s la pand¨¦mie. 

De l¡¯avis du PNUD il est, enfin, essentiel d¡¯inclure dans les plans de r¨¦ponse des programmes de protection sociale sensibles au genre ainsi que des mesures de stimulation ¨¦conomique, notamment fiscales, et de pr¨¦servation de l¡¯emploi afin de permettre aux femmes de surmonter la crise. 

Prot¨¦ger la sant¨¦ et les droits en mati¨¨re de sexualit¨¦ et de reproduction

Le estime, pour sa part, crucial de veiller ¨¤ ce que la r¨¦action ¨¤ la COVID-19 ? ne reproduise ni ne perp¨¦tue les normes sexosp¨¦cifiques n¨¦fastes, les pratiques discriminatoires et les in¨¦galit¨¦s ?. Il demande ¨¤ cet ¨¦gard qu¡¯une grande attention soit accord¨¦e ¨¤ la sant¨¦ et aux droits en mati¨¨re de sexualit¨¦ et de reproduction pendant la crise actuelle, notamment pour garantir des grossesses et des accouchements sans risques.

Dans un sur les effets de la pand¨¦mie, l¡¯entit¨¦ onusienne en charge des questions de planification familiale appelle ¨¤ ne pas d¨¦tourner les ressources allou¨¦es aux services de sant¨¦ sexuelle et reproductive pour r¨¦pondre aux efforts d¨¦ploy¨¦s contre le coronavirus. Cela contribuerait, selon elle, ¨¤ une recrudescence de la mortalit¨¦ maternelle et n¨¦onatale, ¨¤ un besoin ¨¦lev¨¦ de contraception non satisfait ainsi qu¡¯¨¤ un nombre accru d¡¯avortements ¨¤ risque et d¡¯infections sexuellement transmises.

L¡¯UNFPA ajoute que la collaboration entre les autorit¨¦s sanitaires des pays et les agences de l¡¯ONU, ¨¤ commencer par l¡¯, est fondamentale pour garantir que des informations ±è°ù¨¦³¦¾±²õ±ðs sont fournies aux femmes en ?ge de procr¨¦er, en particulier sur les pr¨¦cautions ¨¤ prendre en mati¨¨re d¡¯infection, sur les risques potentiels et sur les moyens d¡¯obtenir des soins m¨¦dicaux en temps opportun.

Alors que les femmes repr¨¦sentent 70% de la main-d¡¯?uvre du secteur social et de la sant¨¦ dans le monde, l¡¯agence recommande par ailleurs de doter les sages-femmes, les infirmi¨¨res et les travailleuses de la sant¨¦ communautaire, en premi¨¨re ligne dans les efforts men¨¦s pour contenir la maladie, d¡¯¨¦quipements de protection appropri¨¦s. Elle souhaite en outre que soit pris en compte le fait que leur environnement de travail peut les exposer ¨¤ la discrimination.

Lutter contre la violence domestique et faire participer les femmes aux prises de d¨¦cision 

Au-del¨¤ des impacts directs de la maladie de COVID-19, met l¡¯accent sur les conditions de s¨¦curit¨¦ des femmes, affect¨¦es par le confinement et les restrictions de mouvement, faisant remarquer que, ? de mani¨¨re perverse ?, les moyens mis en ?uvre pour lutter contre la propagation du virus ? cr¨¦ent des situations id¨¦ales pour les agresseurs ?.

Entre autres mesures contenues dans son r¨¦cent , l¡¯agence conseille ¨¤ ces derniers de s¡¯assurer que les lignes d¡¯assistance t¨¦l¨¦phonique et les services d¡¯abri pour les victimes de violence domestique soient consid¨¦r¨¦s comme des ??services essentiels?? dans le cadre de la r¨¦ponse ¨¤ la pand¨¦mie. Elle les enjoint ¨¦galement de veiller ¨¤ ce que les forces de l¡¯ordre soient sensibilis¨¦es ¨¤ la n¨¦cessit¨¦ de r¨¦agir vite aux appels des victimes.

L¡¯ensemble de ces services ? doivent non seulement obtenir l¡¯attention et le financement dont ils ont besoin maintenant mais aussi ¨ºtre maintenus apr¨¨s la pand¨¦mie ?, a insist¨¦ Phumzile Mlambo-Ngcuka, Directrice ex¨¦cutive d¡¯ONU Femmes, lors d¡¯une virtuelle de femmes dirigeantes organis¨¦e le 21 avril avec Gabriela Ramos, sherpa de l¡¯Organisation de coop¨¦ration et de d¨¦veloppement ¨¦conomiques (OCDE) pour le G20.

Cet ¨¦change a aussi ¨¦t¨¦ l¡¯occasion d¡¯aborder la question de la participation des femmes aux prises de d¨¦cision concernant la r¨¦ponse et le rel¨¨vement post-crise. Un tel processus au niveau local, municipal ou national produira de meilleurs r¨¦sultats, a fortiori s¡¯il s¡¯appuie sur les capacit¨¦s des organisations de femmes, assure l¡¯agence onusienne, qui rappelle que la r¨¦ponse ¨¤ la crise Ebola a b¨¦n¨¦fici¨¦ de cette mobilisation.

 

 

Notant que ? la pand¨¦mie a mis en lumi¨¨re des in¨¦galit¨¦s entre les sexes qui ne datent pas d¡¯aujourd'hui ?, l¡¯ s¡¯int¨¦resse quant ¨¤ elle aux mesures permettant aux femmes, en particulier les quelque 100 millions qui travaillent dans des institutions de sante et de soins, de mener de front leurs activit¨¦s professionnelles et familiales.  

En temps normal, l¡¯agence, les femmes effectuent en moyenne chaque jour 4 h 25 d¡¯activit¨¦s de soins non r¨¦mun¨¦r¨¦es, contre 1 h 23 pour les hommes. Or la crise actuelle, qui s¡¯accompagne de la fermeture des ¨¦coles, des services de garde d¡¯enfants et d¡¯autres structures de soins, a ? consid¨¦rablement accru le temps consacr¨¦ chaque jour aux t?ches domestiques non r¨¦mun¨¦r¨¦es ?, souligne-t-elle.

Dans ce contexte, l¡¯OIT encourage toutes les mesures permettant aux travailleuses de la sant¨¦ de faire face ¨¤ ? la t?che surhumaine qui consiste ¨¤ la fois ¨¤ lutter contre la COVID-19 et ¨¤ prendre soin de leur famille une fois rentr¨¦es chez elles ?. Elle se f¨¦licite ainsi de la ? prime ¨¤ la garde d¡¯enfant ? octroy¨¦e en Italie aux agents de sant¨¦. Elle salue aussi la d¨¦cision de pays comme l¡¯Allemagne, l¡¯Autriche, la France et les Pays-Bas de laisser ouvertes des structures d¡¯accueil pour les enfants des travailleurs de services essentiels. 

Elle rel¨¨ve ¨¦galement que l¡¯Allemagne a ¨¦largi l¡¯acc¨¨s aux allocations de garde d¡¯enfants pour les parents ¨¤ faible revenu, tandis que la R¨¦publique de Cor¨¦e a ¨¦mis des bons ¨¤ hauteur de 2 400 milliards de wons, soit 2 milliards de dollars, pour les m¨¦nages ¨¤ faible revenu, qui, faute de cr¨¨ches, doivent d¨¦sormais faire appel ¨¤ des services de garde d¡¯enfants ¨¤ domicile.

Faire en sorte que les filles ne p?tissent pas des fermetures d¡¯¨¦coles

Pour l¡¯,  la fermeture des ¨¦tablissements d¡¯enseignement pour cause de COVID-19 dans 188 pays ? risque d¡¯exacerber les in¨¦galit¨¦s entre les sexes dans le domaine de l¡¯¨¦ducation ou d¡¯en cr¨¦er de nouvelles, sauf si des mesures sont prises ¨¤ cet ¨¦gard ?.

A ce jour, 1,57 milliard d¡¯¨¦l¨¨ves inscrits ne vont pas en cours, dont 743 millions de filles. Pour ces derni¨¨res, la situation de confinement comporte le risque de se retrouver surcharg¨¦es de travail non r¨¦mun¨¦r¨¦, de ne pas ¨ºtre en mesure de poursuivre leurs ¨¦tudes ¨¤ distance et de subir plus de violences domestiques.

? Sans action cibl¨¦e, nous laisserons retomber l¡¯¨¦lan imprim¨¦ en faveur de l¡¯¨¦ducation et de l¡¯¨¦galit¨¦ des genres, et risquons un retour en arri¨¨re ?, a mis en garde Maki Hayashikawa, Chef de la Section pour une ¨¦ducation de qualit¨¦ inclusive au Bureau r¨¦gional de l¡¯UNESCO pour l¡¯¨¦ducation en Asie et dans le Pacifique, lors d¡¯un organis¨¦ le 3 avril par l¡¯agence.

Parmi les mesures propos¨¦es par les intervenants ¨¤ ce s¨¦minaire en ligne figurent la mobilisation des parents et des communaut¨¦s pour soutenir l¡¯¨¦ducation des filles et la promotion de partenariats pour r¨¦pondre aux probl¨¨mes sanitaires, sociaux et ¨¦ducatifs transversaux qui influent sur la poursuite de l¡¯apprentissage. Les participants ont aussi relev¨¦ l¡¯importance de sensibiliser les communaut¨¦s aux programmes d¡¯¨¦ducation ¨¤ distance.

Pour r¨¦pondre ¨¤ cette demande et favoriser les possibilit¨¦s d¡¯apprentissage inclusif pour les filles, les gar?ons et les jeunes en cette p¨¦riode de perturbation sans pr¨¦c¨¦dent, l¡¯UNESCO a lanc¨¦ une , qui associe les organisations internationales, la soci¨¦t¨¦ civile et le secteur priv¨¦ dans la recherche de solutions pour la continuit¨¦ scolaire.