Depuis 170 ans, Steinway, la soci茅t茅 de pianos germano-am茅ricaine, fabrique les plus grands pianos du monde, mais aucun technicien noir africain n'a jamais re莽u la certification tant convoit茅e - jusqu'脿 pr茅sent.
En d茅cembre 2019, Steinway a certifi茅 le Sud-Africain Tshepiso Ledwaba, 31 ans, apr猫s des ann茅es de formation au tr猫s respect茅 Oberlin College and Conservatory de l'Ohio, o霉 il a perfectionn茅 ses capacit茅s d'茅coute et d'accord. Le coll猫ge collabore avec Steinway dans le cadre d'un processus de certification qui comprend des recommandations d'Oberlin ainsi que des examens pass茅s par les 茅tudiants dans une usine Steinway.
M. Ledwaba est le premier Africain noir 脿 recevoir ce certificat, a confirm茅 Steinway International 脿 Afrique Renouveau.
"Les Steinway sont des pianos fabriqu茅s 脿 la main, ce qui signifie que chaque piano est pass茅 par le travail manuel d'artisans qualifi茅s", explique M. Ledwaba.
"Les Steinway sont 脿 la musique ce que les BMW haut de gamme sont aux voitures", souligne le professeur Karendra Devroop, qui se produit sur le circuit musical mondial et qui est le mentor de M. Ledwaba.
Les pianos Steinway sont des pianos haut de gamme, et chacun peut co没ter jusqu'脿 200 000 dollars. R茅put茅s pour 锚tre assez capricieux, leurs structures en bois et en m茅tal n茅cessitent une manipulation d茅licate. Ils sont sensibles aux conditions climatiques et risquent d'锚tre endommag茅s par temps tr猫s chaud ou tr猫s froid.
Un moment fort
La certification a 茅t茅 un moment fort pour M. Ledwaba. "C'est un sentiment surr茅aliste", dit-il 脿 Afrique Renouveau.
L'affection de M. Ledwaba pour la technique du piano et la certification qui s'en est suivie sont le fruit d'un pur hasard.聽
Il a grandi 脿 Soshanguve, un township pauvre de Pretoria. Apr猫s avoir termin茅 ses 茅tudes secondaires, il a commenc茅 脿 chanter lors de spectacles musicaux dans les communaut茅s pauvres.
Le professeur Devroop, qui est 茅galement directeur de la fondation musicale de l'Universit茅 d'Afrique du Sud (UNISA), a rencontr茅 M. Ledwabain en 2004 lors d'un 茅v茅nement musical. L'organisation travaille dans les communaut茅s pauvres d'Afrique du Sud pour d茅velopper la musique et les spectacles.
Il a 茅t茅 attir茅 par le talent de chanteur de M. Ledwaba, d茅clarant : "C'est un chanteur ph茅nom茅nal, un vocaliste merveilleux ; il a commenc茅 comme musicien classique et africain."
Plus tard, M. Ledwaba a commenc茅 脿 jouer de la clarinette et un peu de jazz 脿 la contrebasse, tout en suivant une formation avec la fondation sur la fa莽on de mettre en 艙uvre des projets de sensibilisation de la communaut茅.
En 2010, l'UNISA a offert 脿 M. Ledwaba un contrat pour enseigner des instruments de musique aux enfants. L'exp茅rience de l'enseignement lui a fait r茅aliser qu'il y avait peu de bons techniciens pour r茅parer les dizaines de milliers d'instruments du secteur informel de la musique en Afrique du Sud.
"J'ai d没 apprendre par moi-m锚me 脿 remplacer un ressort qui s'茅tait 茅gar茅", se souvient-il, ajoutant : "C'茅tait un moment d'illumination pour moi. J'ai r茅alis茅 que nous avions besoin de plus de techniciens de la musique classique de couleur."
Il a demand茅 au professeur Devroop de faire en sorte que l'UNISA dispense une formation interne sur la r茅paration des instruments de musique.
En 2016, le directeur du dipl么me d'artiste en technologie du piano d'Oberlin, John Cavanaugh, s'est rendu en Afrique du Sud pour affiner les pianos lors du concours international de piano de cette ann茅e-l脿. Il a demand茅 脿 son ami le Prof. Devroop de recommander son meilleur 茅tudiant pour une formation de technicien de piano Steinway avec une bourse compl猫te.
Le professeur Devroop a imm茅diatement saisi l'occasion de recommander M. Ledwaba. "J'ai senti qu'il ferait l'affaire. Il est tr猫s dou茅 pour le piano et tr猫s habile de ses mains, ce qui est unique lorsqu'on travaille avec des pianos", explique le professeur Devroop.
L'objectif global 茅tait que M. Ledwaba, 脿 son retour des 脡tats-Unis, forme d'autres techniciens noirs du piano en Afrique du Sud.
"L'opportunit茅 [de suivre une formation 脿 Oberlin] m'a beaucoup plu", se souvient M. Ledwaba. "Si nous avons un technicien qualifi茅 en interne, cela permettrait 脿 l'UNISA d'茅conomiser beaucoup d'argent, argent qu'elle pourrait ensuite investir dans davantage de communaut茅s."
En octobre 2020, l'organisation a cr茅茅 le centre de r茅paration de pianos de l'UNISA, dont M. Ledwaba est le technicien en chef.
P茅nurie de techniciens de piano noirs
En g茅n茅ral, les techniciens de piano noirs sont difficiles 脿 trouver dans les pays d'Afrique, y compris en Afrique du Sud. "C'est une comp茅tence qui fait cruellement d茅faut dans notre pays et dans toute l'Afrique - de bons techniciens de piano de haut niveau", d茅plore le professeur Devroop.
Entre autres facteurs, il attribue la raret茅 des techniciens du piano en Afrique du Sud au syst猫me de l'apartheid, qui n'offrait pas d'opportunit茅s aux techniciens du piano noirs.
M. Ledwaba explique encore : "Les techniciens disponibles, pour la plupart blancs, ont acquis leurs connaissances en mati猫re de piano sous la tutelle de leurs parents, oncles, etc. Ils conservent les comp茅tences au sein de leur famille". Il pense que la situation s'am茅liorera r茅guli猫rement dans les ann茅es 脿 venir.
Il y a des milliers de chorales africaines en Afrique du Sud, et un piano accompagne chaque chorale, explique le professeur Devroop, ce qui signifie qu'il y a un 茅norme besoin de plus de techniciens pour que "les gens qui font de la musique puissent avoir de bons pianos."
"Nous avons besoin de techniciens en instruments pour aider les enfants pauvres et les instruments de musique des townships, afin d'茅viter de d茅penser de l'argent pour envoyer des instruments 脿 des entreprises co没teuses qui facturent des frais 茅lev茅s", ajoute M. Ledwaba.
Le professeur Devroop est convaincu qu'il y aura d'autres Ledwaba 脿 l'avenir. "Je suis toujours un professeur dans l'芒me", s'enthousiasme M. Ledwaba, certifi茅 Steinway.
