Aujourd'hui, les activit茅s du centre sont essentiellement num茅riques.

Situ茅 au centre-ville de Johannesburg, en Afrique du Sud, le centre a 茅t茅 fond茅 en 2008 et a 茅t茅 ouvert au public en mars 2019 dans le cadre d'un partenariat public-priv茅 impliquant la ville de Johannesburg.

La fondatrice et directrice ex茅cutive, Tali Nates, historien et ancien professeur d'universit茅, explique que les visiteurs du centre parviennent 脿 relier l'histoire 脿 l鈥檃ctualit茅.

Autrement dit, le centre revisite les atrocit茅s du pass茅 et expose une blessure qui rappelle aux gens du pr茅sent d'锚tre vigilants et de prot茅ger l'avenir.

Mme Nates parle avec une passion peu commune des questions de l'Holocauste et du g茅nocide de 1994 au Rwanda et des violations des droits de l'homme en g茅n茅ral.

L'histoire de sa famille est toute empreinte de l'Holocauste. En fait, son p猫re, Moses Turner, 茅tait un survivant.

"Mon p猫re a 茅t茅 sauv茅 par Oskar Schindler. J'ai grandi en 茅coutant les histoires de l'Holocauste", raconte Mme Nates. M. Schindler 茅tait un industriel allemand qui a h茅ro茂quement sauv茅 environ 1 200 Juifs qu'il avait employ茅s dans ses usines.

"J'entends encore la voix de mon p猫re parler des choix que les gens font ", dit Mme Nates. Cette voix continue de renforcer sa d茅termination 脿 poursuivre sa mission de d茅fense, en Afrique et ailleurs, contre l'extr茅misme violent et d'autres graves violations des droits de l'homme.

Centre de l'Holocauste

Le centre lui-m锚me est le fer de lance d'une vaste op茅ration transafricaine qui amplifie les r茅cits de l'Holocauste et du g茅nocide au Rwanda.

Le b芒timent qui l'abrite est empreint de symbolisme. Des vestiges de voies ferr茅es encastr茅s dans de hauts murs en b茅ton "symbolisent l'oppression, la souffrance et m锚me la modernit茅", d茅clare Mme Nates.

"Les lignes de chemin de fer ont 茅t茅 utilis茅es par les nazis pour convoyer les victimes vers les camps de concentration, et elles ont 茅galement 茅t茅 utilis茅es par les puissances coloniales pour transporter les esclaves, et les victimes du g茅nocide arm茅nien".

Les noms des victimes du g茅nocide de 1994 au Rwanda sont inscrits sur certains des murs - une mani猫re de montrer que les victimes 茅taient des personnes r茅elles. Plus d'un million de personnes - en grande majorit茅 des Tutsis, mais aussi des Hutus mod茅r茅s, des Twa et d'autres qui s'opposaient au g茅nocide - ont 茅t茅 syst茅matiquement tu茅es en moins de trois mois.

Il y a 茅galement une salle pour des s茅minaires et des ateliers, et un espace de r茅flexion. Dans l'espace de r茅flexion, raconte Mme Nates, les visiteurs "聽茅coutent des chansons de Philip Miller, un compositeur sud-africain de renomm茅e internationale qui a enregistr茅 des chansons t茅moignages de l鈥檈nfance des survivants rwandais, des chansons pour se donner le courage de revivre.聽"

Chaque th猫me de la tr猫s populaire salle d'exposition explore une histoire diff茅rente "脿 travers l'art et la po茅sie, et les t茅moignages par le biais des films et de la musique", ajoute-t-elle. Sur un mur, les mots : Plus jamais 莽a !

De par sa nature, un centre comme celui-ci est cens茅 v茅hiculer l'茅tranget茅 et la m茅lancolie, mais le JHGC est diff茅rent. "Il n'est pas sombre. Il y a beaucoup de fen锚tres. Vous pouvez regarder 脿 l'ext茅rieur et l'ext茅rieur peut vous regarder", dit Mme Nates. Pourquoi ? Parce que "Tout ce qui concerne l'Holocauste et le g茅nocide au Rwanda ne s'est pas pass茅 la nuit, tout s'est pass茅 le jour."

Conceptuellement, le centre n'est pas simplement destin茅 脿 faire du pros茅lytisme sur la primaut茅 du bien sur le mal ; il vise 茅galement 脿 faire accepter l'importance de la capacit茅 de l'homme 脿 faire le mal par rapport 脿 d'autres d茅fis concurrents de la soci茅t茅.

Existe-t-il聽un risque qu'un regard sur un pass茅 monstrueux se retourne contre nous ? "Non, pas du tout", insiste Tali. Au contraire, il devrait favoriser la compr茅hension des 茅tapes du g茅nocide.

Les 茅tapes du g茅nocide

Les dix 茅tapes du g茅nocide ont 茅t茅 r茅pertori茅es par l'acad茅micien et fondateur de 鈥楪enocide Watch鈥�, Gregory Stanton, et comprennent la classification, la symbolisation ou les st茅r茅otypes, la discrimination, la d茅shumanisation, l'organisation, la polarisation, la pr茅paration, la pers茅cution, puis l'extermination commence et devient rapidement un massacre, qui est l茅galement appel茅 "g茅nocide鈥�. La derni猫re 茅tape est le d茅ni qui suit le g茅nocide, car les auteurs tentent de dissimuler les preuves et d'intimider les t茅moins.

L'essentiel est de tuer dans l鈥櫯搖f les signes des premiers stades du g茅nocide avant qu'ils ne se transforment en m茅tastases. Ainsi, lorsque des personnes se rallient derri猫re des identit茅s de groupe pour classer et st茅r茅otyper les autres, elles doivent 锚tre d茅nonc茅es pour se pr茅venir de la derni猫re 茅tape, y compris de l'extermination.

Les gens doivent "apprendre 脿 remettre en question la propagande d'un 脡tat totalitaire, ce qui est le cas lorsqu'une d茅mocratie 茅choue", sugg猫re Mme Nates, reconnaissant que certaines personnes, m锚me aujourd'hui, tentent de se cacher derri猫re des identit茅s raciales, religieuses, tribales et autres pour faire des ravages.

Historiquement, l'Afrique a eu sa part de violations extr锚mes des droits de l'homme. Il y a eu, par exemple, la traite transatlantique des esclaves du XVIe au XIXe si猫cle, au cours de laquelle jusqu'脿 15 millions d'Africains ont 茅t茅 captur茅s et envoy茅s aux Am茅riques ; le g茅nocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda en est un autre ; et l'insurrection de Boko Haram dans le nord-est du Nigeria continue de d茅cimer des vies.

Actuellement en Afrique, note Mme Nates, il existe des lignes de fractures inqui茅tantes autour de la x茅nophobie, des identit茅s ethniques et de genre, de la religion, de la race, de la langue, de l'homophobie, de l'id茅ologie politique, etc. Le Comit茅 mixte de coordination de la lutte contre le racisme et la x茅nophobie (JHGC) travaille en partenariat avec les gouvernements africains, les Nations unies et d'autres institutions pour sensibiliser 脿 ces lignes de fracture.

Mme Nates 茅nnonce son message-cl茅 avec extr锚me urgence : "Les Africains doivent r茅sister aux crimes. Nous devons choisir de d茅fendre ce qui est juste -- pour nos valeurs".

* Cliquez ici pour l'interview de Mme Nates.