? six ans seulement de la date butoir de 2015 pour r¨¦aliser les Objectifs du Mill¨¦naire pour le d¨¦veloppement (OMD) visant ¨¤ r¨¦duire la mortalit¨¦ infantile et am¨¦liorer la sant¨¦ maternelle, certains pays ont fait des progr¨¨s encourageants tandis que d'autres ont stagn¨¦ ou, pis encore, ont recul¨¦ depuis la D¨¦claration du Mill¨¦naire adopt¨¦e en 2000.
Bien que le d¨¦fi demeure, il y a des signes d'espoir dans le monde entier. En Afrique et en Asie, les pays ont associ¨¦ les familles et les prestataires de soins ¨¤ la formulation de solutions destin¨¦es ¨¤ r¨¦pondre ¨¤ leurs d¨¦fis locaux. Ils ont r¨¦ussi ¨¤ assurer l'acc¨¨s des soins de base ¨¤ un grand nombre de m¨¨res et de nouveau-n¨¦s, parfois aux deux. Les gouvernements ont promis des fonds ainsi que d'autres ressources et les organisations d'aide internationales ont mis sur pied avec des groupes locaux des programmes destin¨¦s ¨¤ apporter des changements ¨¤ partir de la base.

L'AMPLEUR DU PROBL?ME
Malgr¨¦ les programmes actuels pour am¨¦liorer la sant¨¦ maternelle et n¨¦onatale, les chiffres les plus r¨¦cents indiquent qu'une femme meurt toutes les dix minutes durant sa grossesse, l'accouchement ou peu apr¨¨s l'accouchement. Les chiffres parlent d'eux-m¨ºmes : sept nourrissons meurent chaque minute. Les causes principales des d¨¦c¨¨s maternels sont les h¨¦morragies, l'¨¦clampsie (convulsions), les infections et les accouchements difficiles. Trois causes ¨¤ elles seules - infections, asphyxie et naissance pr¨¦matur¨¦e - repr¨¦sentent pr¨¨s de 80 % des d¨¦c¨¨s des nouveau-n¨¦s.
Le ? Compte ¨¤ rebours jusqu'en 2015 ?, une initiative regroupant plusieurs partenaires qui vise ¨¤ suivre les progr¨¨s dans la r¨¦alisation des Objectifs 4 (r¨¦duire la mortalit¨¦ infantile) et 5 (am¨¦liorer la sant¨¦ maternelle), a indiqu¨¦ dans son rapport 2008 que 68 pays du monde entier repr¨¦sentaient 97 % des d¨¦c¨¨s maternels et n¨¦onatals. Le rapport s'est concentr¨¦ sur la couverture des interventions essentielles pour la sant¨¦ maternelle, n¨¦onatale et infantile. Chaque ann¨¦e, on recense 536 000 d¨¦c¨¨s maternels, 3,7 millions de b¨¦b¨¦s meurent dans les 28 premiers jours de leur vie, et 3,3 millions sont mort-n¨¦s. La majorit¨¦ de ces d¨¦c¨¨s (98 %) ont lieu dans les pays en d¨¦veloppement, l'Afrique subsaharienne et l'Asie du Sud-Est enregistrant les taux les plus ¨¦lev¨¦s.
En plus des d¨¦c¨¨s maternels dus ¨¤ la grossesse ou ¨¤ l'accouchement, environ 10 ¨¤ 20 millions de femmes meurent chaque ann¨¦e de maladies physiques ou mentales. En outre, les millions de nouveau-n¨¦s qui survivent n'atteignent pas leur plein potentiel en raison de complications ¨¤ la naissance et pendant la p¨¦riode post-natale.
Dans une d¨¦claration commune faite en septembre 2008, l'Organisation mondiale de la sant¨¦ (OMS), le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), le Fonds des Nations Unies pour la population et la Banque mondiale ont d¨¦clar¨¦ que ? la mortalit¨¦ maternelle a des causes profondes, notamment l'in¨¦galit¨¦ entre les sexes, l'acc¨¨s limit¨¦ ¨¤ l'¨¦ducation, en particulier le mariage pr¨¦coce pour les filles, les grossesses chez les adolescentes, l'acc¨¨s limit¨¦ ¨¤ la sant¨¦ en mati¨¨re de sexualit¨¦ et de procr¨¦ation (notamment pour les adolescentes) et autres facteurs sociaux ?.
Bien que le taux de mortalit¨¦ maternelle ait diminu¨¦ dans le monde entier depuis 1990, les progr¨¨s sont limit¨¦s et trop lents. Pour atteindre l'OMD d'ici ¨¤ 2015, ce taux devra baisser de 5,5 %. La baisse du taux moyen est actuellement inf¨¦rieure ¨¤ 1 %. L'Afrique subsaharienne reste la r¨¦gion qui pr¨¦sente les plus grands risques en mati¨¨re d'accouchement, avec une baisse annuelle n¨¦gligeable de la mortalit¨¦ maternelle et n¨¦onatale. Les d¨¦c¨¨s de nouveau-n¨¦s et les enfants mort-n¨¦s sont ¨¦troitement li¨¦s ¨¤ l'acc¨¨s et ¨¤ la qualit¨¦ des soins fournis aux m¨¨res - et tant qu'on n'aura pas am¨¦lior¨¦ la sant¨¦ maternelle, il y a peu de chances de r¨¦aliser des progr¨¨s en mati¨¨re de sant¨¦ n¨¦onatale.
La grossesse chez les adolescentes pose un d¨¦fi particulier. Chaque ann¨¦e, environ 16 millions de filles ?g¨¦es de 15 ¨¤ 19 ans donnent naissance ¨¤ un enfant. Un nourrisson sur dix dans le monde na¨ªt d'une m¨¨re adolescente. Ces nourrissons et leur m¨¨re n¨¦cessitent une attention particuli¨¨re car ils sont expos¨¦s ¨¤ des risques ¨¦lev¨¦s de maladies et d'accidents mortels, ainsi qu'¨¤ l'exclusion sociale. Pr¨¨s de 95 % des m¨¨res adolescentes vivent dans les pays en d¨¦veloppement, l'Afrique subsaharienne enregistrant les taux les plus ¨¦lev¨¦s, o¨´ chaque seconde une femme donne naissance ¨¤ un enfant avant d'avoir atteint sa vingti¨¨me ann¨¦e. Le Bangladesh, l'Inde, l'Am¨¦rique latine, les Cara?bes et les ?tats-Unis enregistrent ¨¦galement des taux ¨¦lev¨¦s.
En g¨¦n¨¦ral, les grossesses pr¨¦coces augmentent les risques pour la vie de la m¨¨re et celle de son enfant. Dans de nombreux pays, le risque de mourir de causes li¨¦es ¨¤ la grossesse ou ¨¤ l'accouchement est deux fois plus ¨¦lev¨¦ pour les adolescentes ?g¨¦es de 15 ¨¤ 19 ans que pour les femmes ?g¨¦es de 20 ¨¤ 29 ans, et la situation est encore pire pour les filles de moins de 15 ans. Les b¨¦b¨¦s de m¨¨res adolescentes ont aussi plus de chances de mourir. La mort f?tale et durant la premi¨¨re semaine qui suit l'accouchement est 50 fois plus ¨¦lev¨¦e chez les b¨¦b¨¦s dont la m¨¨re est ?g¨¦e de moins de 20 ans. De plus, lorsqu'elles sont enceintes, les filles arr¨ºtent leurs ¨¦tudes, ce qui limite leur propre potentiel et celui de leur famille.

IL EST POSSIBLE DE R?DUIRE LA MORTALIT? MATERNELLE ET N?ONATALE
De nombreuses raisons permettent d'¨ºtre optimiste sur la possibilit¨¦ de r¨¦duire la mortalit¨¦ maternelle et n¨¦onatale. Certaines avanc¨¦es r¨¦centes comprennent la d¨¦couverte du sulfate de magn¨¦sium pour traiter l'¨¦clampsie et la pr¨¦¨¦clampsie grave; la capacit¨¦ de contr?ler les h¨¦morragies apr¨¨s la naissance par une prise en charge active de la troisi¨¨me ¨¦tape de l'accouchement; le traitement des infections ¨¤ l'aide d'antibiotiques; les soins apr¨¨s avortement par aspiration sous vide pratiqu¨¦s par des infirmi¨¨res et des sages-femmes form¨¦es; le traitement du paludisme et du VIH pendant la grossesse et la pr¨¦vention de la transmission du virus de la m¨¨re ¨¤ l'enfant; la qualit¨¦ des soins pr¨¦natals; l'¨¦tude des d¨¦c¨¨s maternels comme moyen d'am¨¦liorer la qualit¨¦ des soins; et un plus grand ¨¦ventail de m¨¦thodes pour mesurer les progr¨¨s.
Deux tiers des d¨¦c¨¨s de nouveau-n¨¦s pourraient ¨ºtre ¨¦vit¨¦s si toutes les m¨¨res et tous les nourrissons avaient acc¨¨s ¨¤ des interventions essentielles courantes, r¨¦alisables et facilement accessibles qui ne font appel ¨¤ aucune technologie complexe. Elles comprennent la vaccination contre le t¨¦tanos dans le cadre des soins pr¨¦natals, des soins comp¨¦tents durant l'accouchement, l'allaitement pr¨¦coce et exclusif, garder l'enfant au chaud ainsi qu'une prise en charge rapide du nouveau-n¨¦ lorsque sa vie est en danger.
Les mesures pour am¨¦liorer la sant¨¦ maternelle et n¨¦onatale doivent ¨ºtre guid¨¦es par ce qu'on appelle la ? continuit¨¦ des soins ?. Ce terme a deux sens : premi¨¨rement, il signifie que les soins sont fournis de mani¨¨re continue tout au long des diff¨¦rentes ¨¦tapes de la vie - au moment de l'adolescence, avant la grossesse, pendant la grossesse et l'accouchement ainsi que pendant la p¨¦riode n¨¦onatale. Il se r¨¦f¨¨re aussi aux soins qui doivent ¨ºtre fournis ¨¤ tous les niveaux du syst¨¨me de sant¨¦ - ¨¤ la maison et dans la communaut¨¦, au centre de sant¨¦ et ¨¤ l'h?pital.
Certains pays en d¨¦veloppement, dont l'?gypte, le Honduras, la Malaisie, le Sri Lanka et la Tha?lande, ont consid¨¦rablement r¨¦duit la mortalit¨¦ maternelle depuis 1987 en am¨¦liorant l'acc¨¨s ¨¤ un personnel comp¨¦tent dans la pratique de l'accouchement et la fourniture de soins obst¨¦triques d'urgence en cas de complication. Ils ont compris que l'acc¨¨s des m¨¨res et des nouveau-n¨¦s aux services est au centre d'un syst¨¨me de sant¨¦ solide et que la baisse de la mortalit¨¦ maternelle et n¨¦onatale qui en d¨¦coule est une mesure de la r¨¦ussite de ce syst¨¨me.
QUATRE ACTIONS PRIORITAIRES
Nous proposons quatre actions prioritaires pour am¨¦liorer la sant¨¦ maternelle et n¨¦onatale qui contribueront ¨¤ la r¨¦alisation des OMD 4 et 5, ainsi qu'¨¤ l'OMD 6 (combattre le VIH/sida, le paludisme et autres maladies) : (1) l'acc¨¨s aux services de planification familiale; (2) la fourniture de soins par un personnel comp¨¦tent durant la grossesse et l'accouchement; (3) la fourniture de soins essentiels aux m¨¨res et aux nouveau-n¨¦s dans les jours qui suivent la naissance; (4) la pr¨¦vention et la prise en charge du VIH et du paludisme durant la grossesse et apr¨¨s la naissance.
Acc¨¨s aux services de planification familiale
Le moyen le plus efficace de r¨¦duire la mortalit¨¦ maternelle consiste tout simplement ¨¤ r¨¦duire le nombre de grossesses. La planification familiale est un ¨¦l¨¦ment important pour am¨¦liorer la sant¨¦ maternelle et infantile. Les ¨¦tudes montrent que la planification familiale a des effets imm¨¦diats sur la vie et la sant¨¦ de la m¨¨re et de son nourrisson. Assurer l'acc¨¨s de base ¨¤ la contraception pourrait r¨¦duire la mortalit¨¦ maternelle d'un tiers et celle des jeunes enfants d'au moins 20 %.
Alors que l'usage de la contraception a consid¨¦rablement augment¨¦ depuis qu'elle a ¨¦t¨¦ introduite dans les ann¨¦es 1960, il existe d'¨¦normes besoins en services de planification familiale, en particulier pour les adolescentes. Une ¨¦tude r¨¦cente sur les femmes mari¨¦es men¨¦e dans 53 pays a r¨¦v¨¦l¨¦ que les besoins insatisfaits en mati¨¨re de contraception ¨¦taient les plus ¨¦lev¨¦s chez les femmes ?g¨¦es de 15 ¨¤ 24 ans. Quelque 4 millions d'adolescentes ont des grossesses non d¨¦sir¨¦es chaque ann¨¦e; cependant, la majorit¨¦ des m¨¨res adolescentes sont mari¨¦es et, pour la plupart, leur enfant est d¨¦sir¨¦. Dans les pays en d¨¦veloppement, environ 90 % des naissances ont lieu chez des adolescentes qui sont mari¨¦es.
En plus de r¨¦duire les risques durant la grossesse et l'accouchement, il est essentiel de r¨¦duire les grossesses non d¨¦sir¨¦es en assurant l'acc¨¨s ¨¤ la contraception. La planification familiale permet d'am¨¦liorer la sant¨¦ maternelle et de r¨¦duire la mortalit¨¦ maternelle de plusieurs fa?ons : ? l'utilisation efficace de la contraception r¨¦duit le nombre de grossesses non planifi¨¦es et non d¨¦sir¨¦es; ? au niveau individuel, la planification familiale r¨¦duit le nombre de grossesses et prolonge leur intervalle, ce qui r¨¦duit de mani¨¨re g¨¦n¨¦rale le risque de d¨¦c¨¨s; ? Au niveau national, la planification familiale r¨¦duit le nombre de grossesses et de naissances ; et ? La planification familiale peut ¨ºtre cibl¨¦e pour r¨¦duire le nombre de grossesses des femmes pr¨¦sentant des risques ¨¦lev¨¦s de d¨¦c¨¨s li¨¦s ¨¤ la maternit¨¦.
Soins comp¨¦tents durant la grossesse et l'accouchement, y compris l'acc¨¨s aux soins obst¨¦triques d'urgence et aux soins n¨¦onatals

Pour garantir une s¨¦curit¨¦ optimale, chaque femme, sans exception, doit recevoir des soins fournis par un personnel comp¨¦tent dans un environnement adapt¨¦ (g¨¦n¨¦ralement dans des centres de sant¨¦ d¨¦centralis¨¦s primaires) proche de leur domicile, respectueux de leur culture. Cela pourrait ¨¦viter, contenir ou r¨¦soudre de nombreuses situations mettant la vie de la femme en danger, en particulier les complications qui peuvent survenir durant l'accouchement. Cela pourrait aussi r¨¦duire drastiquement la mortalit¨¦ maternelle et n¨¦onatale ainsi que le nombre d'enfants mort-n¨¦s.
Les consultations pr¨¦natales sont le lieu id¨¦al pour ¨¦tablir des plans de naissance qui assurent que l'accouchement aura lieu dans de bonnes conditions avec un personnel comp¨¦tent apte ¨¤ d¨¦tecter les probl¨¨mes comme l'an¨¦mie et qui peut conseiller la m¨¨re en mati¨¨re de nutrition, l'aider ¨¤ se pr¨¦parer ¨¤ s'occuper de son nouveau-n¨¦, en particulier l'allaitement. Il est tout aussi important d'am¨¦liorer l'¨¦tat nutritionnel des femmes et de s'attaquer aux carences en micronutriments, en particulier durant la grossesse. La prise en charge des conditions de sant¨¦ comme l'an¨¦mie r¨¦duira le risque d'h¨¦morragie du post-partum pouvant entra¨ªner la mort. L'intervention nutritionnelle est cruciale de la grossesse jusqu'¨¤ ce que l'enfant atteigne l'?ge de deux ans. Non d¨¦cel¨¦es pendant ces ann¨¦es cruciales, les carences nutritionnelles peuvent causer des dommages irr¨¦versibles au cours de la croissance, ce qui augmente le risque de malnutrition chez les filles quand elles seront m¨¨res ainsi que le risque de donner naissance ¨¤ des enfants au poids inf¨¦rieur ¨¤ la normale.
Les adolescentes ont tendance ¨¤ solliciter des soins pr¨¦natals plus tardivement que les autres m¨¨res. Cette situation s'explique par de nombreuses raisons, l'une d'elles ¨¦tant que, souvent, elles ne savent pas qu'elles sont enceintes. De plus, ce n'est pas toujours la fille qui d¨¦cide de solliciter des soins, mais parfois son mari ou sa belle-m¨¨re. Le co?t peut ¨ºtre un autre obstacle. Il est important de surmonter ces obstacles. Il faut sensibiliser les familles et les populations et mener des actions syst¨¦matiques aux niveaux local et national afin d'am¨¦liorer l'acc¨¨s des adolescentes aux services de sant¨¦ comp¨¦tents.
Comme il a ¨¦t¨¦ mentionn¨¦ plus haut, un syst¨¨me de sant¨¦ solide est crucial pour la sant¨¦ maternelle et n¨¦onatale. Dans ce domaine, les pays ne sont cependant pas tous au m¨ºme niveau. Il est essentiel d'am¨¦liorer la qualit¨¦ et le nombre de centres de sant¨¦ ¨¦quip¨¦s pour les accouchements et d'augmenter le nombre de sages-femmes et de professionnels de sant¨¦ qui ont des comp¨¦tences obst¨¦triques. En m¨ºme temps, la mobilisation de la collectivit¨¦ est vitale pour assurer que toutes les femmes enceintes font appel aux services comp¨¦tents. Cette double strat¨¦gie vise ¨¤ r¨¦aliser une couverture universelle des soins lors de l'accouchement dans le cadre d'une approche des soins de sant¨¦ primaires.
Accoucher dans un centre de sant¨¦ pr¨¦sente de nombreux avantages, ¨¤ la fois du point de vue technique et de l'analyse syst¨¦matique des exp¨¦riences des m¨¨res. Le travail en ¨¦quipe permet aux sages-femmes de pratiquer un plus grand nombre d'accouchements qu'il ne serait possible quand l'accouchement a lieu ¨¤ domicile. Le personnel non professionnel, comme les assistantes et les aides-soignantes, peut ¨¦galement apporter son aide, ce qui permet de diminuer les co?ts. Une sage-femme peut ainsi pratiquer ¨¤ elle seule entre 175 et 220 accouchements par an, compar¨¦ ¨¤ environ 50 pour une sage-femme effectuant des visites ¨¤ domicile. Aussi, la diversit¨¦ du personnel dont dispose un centre de sant¨¦ permet d'apporter rapidement des soins d'urgence qui peuvent sauver la vie. Les soins comp¨¦tents non seulement assurent la s¨¦curit¨¦, l'hygi¨¨ne et la fourniture de mat¨¦riel, mais am¨¦liorent aussi la prise en charge et la supervision. D'autres activit¨¦s peuvent ¨ºtre effectu¨¦es, et il est plus facile d'orienter les patientes vers d'autres unit¨¦s et d'assurer le transport d'urgence. Quelque que soit le lieu o¨´ il se d¨¦roule, il est essentiel que la personne qui aide ¨¤ l'accouchement ait les comp¨¦tences n¨¦cessaires pour assurer un accouchement sans risque, dispose du mat¨¦riel ad¨¦quat et ait la possibilit¨¦ d'orienter la patiente vers un centre offrant des soins obst¨¦triques et n¨¦onatals d'urgence.

Les soins essentiels ¨¤ la m¨¨re et au nouveau-n¨¦ dans les jours qui suivent la naissance
Jusqu'¨¤ deux tiers des d¨¦c¨¨s de nouveau-n¨¦s pourraient ¨ºtre ¨¦vit¨¦s si la m¨¨re et son nourrisson b¨¦n¨¦ficiaient d'interventions courantes, efficaces. Cependant, dans la plupart des pays en d¨¦veloppement, la couverture de soins actuelle dans les premi¨¨res heures et les premiers jours qui suivent la naissance est tr¨¨s faible. Plusieurs ¨¦tudes ont montr¨¦ que les pratiques de soins ¨¤ domicile pour les nouveau-n¨¦s peuvent ¨¦viter 30 ¨¤ 60 % des d¨¦c¨¨s de nouveau-n¨¦s dans les pays en d¨¦veloppement affichant une mortalit¨¦ ¨¦lev¨¦e. Ces interventions permettent aussi d'am¨¦liorer la couverture des pratiques de soins n¨¦onatals, comme l'initiation pr¨¦coce ¨¤ l'allaitement, l'allaitement exclusif, le contact peau ¨¤ peau pr¨¦coce entre la m¨¨re et le nourrisson, le moment id¨¦al pour commencer ¨¤ donner un bain au b¨¦b¨¦ et l'attention apport¨¦e ¨¤ l'hygi¨¨ne, comme le lavage des mains avec de l'eau et du savon et les soins du cordon ombilical. Dans le cadre d'une strat¨¦gie compl¨¦mentaire des soins postnatals dans les centres de sant¨¦, OMD et l'UNICEF recommandent donc des visites ¨¤ domicile pendant la premi¨¨re semaine qui suit la naissance afin d'am¨¦liorer la survie des nouveau-n¨¦s. Les visites ¨¤ domicile pour un suivi pr¨¦natal devraient comprendre la promotion de certains comportements comme l'allaitement pr¨¦coce et exclusif, garder le b¨¦b¨¦ au chaud, le lavage plus fr¨¦quent des mains, la d¨¦sinfection du cordon ombilical et les soins de la peau, l'identification des conditions n¨¦cessitant des soins suppl¨¦mentaires ainsi que les conseils pour savoir quand amener son nourrisson dans un centre de sant¨¦.
La m¨¨re n¨¦cessite aussi des soins dans les jours qui suivent l'accouchement. Pendant les visites ¨¤ domicile, le professionnel de sant¨¦ devrait surveiller l'¨¦tat de sant¨¦ de la m¨¨re, les signes d'infection, comme la fi¨¨vre, les ¨¦coulements naus¨¦abonds ou la difficult¨¦ ¨¤ la miction. La m¨¨re devrait recevoir des conseils en mati¨¨re d'allaitement, ¨ºtre inform¨¦e des probl¨¨mes pouvant survenir et encourag¨¦e ¨¤ solliciter des soins ¨¤ un stade pr¨¦coce si cela est n¨¦cessaire. De plus, elle devrait ¨ºtre conseill¨¦e sur l'espacement des naissances et la nutrition. Si une sage-femme ou un professionnel de sant¨¦ effectue une visite ¨¤ domicile, les soins pourraient comprendre d'autres interventions, comme la surveillance du flux sanguin, la prise de temp¨¦rature ainsi que la distribution de suppl¨¦ments en fer et en acide folique et de contraceptifs.
Les soins apport¨¦s imm¨¦diatement apr¨¨s la naissance sont particuli¨¨rement importants la premi¨¨re fois qu'une m¨¨re accouche, en particulier si elle est tr¨¨s jeune. Souvent les m¨¨res adolescentes n'ont pas les connaissances, l'¨¦ducation, l'exp¨¦rience, les revenus et le pouvoir des m¨¨res plus ?g¨¦es. Dans certaines cultures, elles font parfois face aux attitudes moralisatrices, ce qui aggrave une situation d¨¦j¨¤ difficile. La continuit¨¦ des soins durant les premiers jours qui suivent la naissance peut donc apporter le soutien n¨¦cessaire ¨¤ la m¨¨re et ¨¤ son nouveau-n¨¦.
La pr¨¦vention et la prise en charge du VIH et du paludisme durant la grossesse et apr¨¨s la naissance
Le paludisme, le VIH durant la grossesse, ainsi que la transmission du virus du VIH entre la m¨¨re et l'enfant, posent des risques importants pour la m¨¨re, le f?tus et le nouveau-n¨¦. Environ 90 % des cas cliniques enregistr¨¦s dans le monde surviennent en Afrique subsaharienne. Malgr¨¦ le tribut que pr¨¦l¨¨ve le paludisme chez les femmes enceintes et leurs nourrissons, ce probl¨¨me ¨¦tait encore relativement n¨¦glig¨¦ il y a peu, sachant que moins de 5 % des femmes enceintes avaient acc¨¨s ¨¤ des interventions efficaces. L'¨¦pid¨¦mie du VIH a ¨¦galement eu des effets d¨¦vastateurs sur la sant¨¦ maternelle, n¨¦onatale et infantile, sapant les efforts men¨¦s pour atteindre les OMD dans ces domaines. Les interventions sans risque pour la pr¨¦vention ainsi que pour la ma¨ªtrise du VIH/sida et du paludisme pendant la grossesse existent et doivent ¨ºtre d¨¦ploy¨¦es sur une grande ¨¦chelle au niveau national.
Alors que dans les pays ¨¤ faible et ¨¤ moyen revenu, 77 % des femmes enceintes (70 millions) sont en mesure de recevoir au moins une visite pr¨¦natale, il serait possible de les tester et de leur donner des conseils de pr¨¦vention primaire, notamment la pr¨¦vention de la transmission du virus entre la m¨¨re et l'enfant, ainsi que le traitement et les soins des m¨¨res et de leur nourrisson pour celles qui sont test¨¦es positives. Pourtant, en 2005, dans les 71 pays, seulement 11 % des femmes enceintes (10,3 millions) ont re?u des conseils et 10 % (9,2 millions) ont ¨¦t¨¦ test¨¦es. Le fait que pratiquement toutes les femmes enceintes qui re?oivent des conseils sur la pr¨¦vention de la transmission entre la m¨¨re et l'enfant soient favorables au d¨¦pistage du VIH montre leur volont¨¦ de lier les soins et le soutien au traitement du VIH et aux services de pr¨¦vention. L'absence de d¨¦pistage et de conseils aux femmes enceintes indique les nombreuses possibilit¨¦s manqu¨¦es.
Dans les r¨¦gions tropicales et sous-tropicales du monde entier, l'infection palustre durant la grossesse est un probl¨¨me de sant¨¦ publique. Dans les r¨¦gions les plus end¨¦miques, les femmes enceintes sont le groupe ¨¤ risque le plus ¨¦lev¨¦ chez les adultes. Le paludisme durant la grossesse a ¨¦t¨¦ largement ¨¦valu¨¦ en Afrique subsaharienne, o¨´ 90 % des cas ont lieu. Chaque ann¨¦e, on recense au moins 30 millions de grossesses chez les femmes vivant dans des r¨¦gions d'Afrique impalud¨¦es, dont la plupart r¨¦sident dans des zones ¨¤ transmission relativement stable.
La pr¨¦vention et la prise en charge du paludisme durant la grossesse s'inscrivent dans une approche ¨¤ trois volets : le traitement pr¨¦ventif intermittent durant la grossesse; l'utilisation de moustiquaires impr¨¦gn¨¦es d'insecticide; et la prise en charge des cas de paludisme durant la grossesse.

CONCLUSION
Les femmes sont l'¨¦pine dorsale de la soci¨¦t¨¦, tant au sein de la famille qu'au sein des communaut¨¦s et des nations. Elles sont au c?ur de la survie des cultures et souvent le moteur des ¨¦conomies florissantes. Mais, trop souvent, elles ne b¨¦n¨¦ficient pas de droits ¨¦gaux ni d'un acc¨¨s ¨¦gal au traitement m¨¦dical, en particulier l'acc¨¨s aux soins de sant¨¦.
La productivit¨¦ ¨¦conomique des populations et des nations est affect¨¦e ¨¤ chaque fois qu'une femme ou un enfant meurt. Le d¨¦c¨¨s d'une m¨¨re a des cons¨¦quences graves sur le bien-¨ºtre ¨¤ long terme d'un enfant, son ¨¦ducation et son d¨¦veloppement. Priv¨¦s de m¨¨re, les nourrissons ont une chance de survie moindre durant leur premi¨¨re ann¨¦e. Le revenu de la m¨¨re sert le plus souvent ¨¤ payer les d¨¦penses li¨¦es ¨¤ la maison et ¨¤ l'¨¦ducation, les frais m¨¦dicaux et autres frais li¨¦s ¨¤ la famille. La perte de ce revenu fait souvent basculer la famille dans la pauvret¨¦ absolue. Les estimations montrent que la perte de productivit¨¦ potentielle dans le monde due aux d¨¦c¨¨s maternels et n¨¦onatals s'¨¦l¨¨ve ¨¤ 15 milliards de dollars. Les co?ts estim¨¦s d'une couverture de soins maternels et n¨¦otals primaires et de secours pour tous sont affect¨¦s par cette perte potentielle en productivit¨¦ annuelle.
Mais l'heure n'est plus aux discours mais ¨¤ l'action si nous voulons que les pays atteignent les OMD 4 et 5. Les gouvernements doivent financer et soutenir les initiatives ainsi que les politiques de sant¨¦ en faveur des femmes et des enfants. Ils doivent assurer que leurs syst¨¨mes de sant¨¦ fournissent des soins continus abordables et de qualit¨¦ de la p¨¦riode pr¨¦c¨¦dant la grossesse jusqu'¨¤ la p¨¦riode postnatale. Les soins de sant¨¦ doivent aussi ¨ºtre accessibles par tous et le personnel de sant¨¦ qualifi¨¦ doit avoir acc¨¨s ¨¤ une meilleure formation, ¨¤ des installations mieux ¨¦quip¨¦es, ¨¤ une infrastructure de sant¨¦ solide, ¨¤ des fournitures, ¨¤ du mat¨¦riel et ¨¤ une logistique ad¨¦quate permettant d'assurer les transports urgents vers d'autres ¨¦tablissements. En outre, les femmes et leur famille doivent ¨ºtre mieux inform¨¦es. Elles doivent pouvoir d¨¦cider elles-m¨ºmes si elles veulent un enfant, avoir acc¨¨s ¨¤ des soins comp¨¦tents durant la grossesse et l'accouchement et pouvoir prendre les d¨¦cisions qui les concernent en mati¨¨re de sexualit¨¦ et de procr¨¦ation.
Nous savons ce qu'il faut faire pour sauver la vie de milliers de femmes et de nouveau-n¨¦s. Nous devons nous assurer maintenant que nos actions correspondent ¨¤ l'investissement.